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donnent droit au repos, et vous en avez pris plus que votre compte.

— Il y a de ça, répondit le paysan en se grattant la tête d’une main, pendant que son autre main se portait vers ses genoux par un geste douloureux, je suis vanné de fatigue… mais il y a autre chose aussi. Le fait est que je ne puis remuer ni pied ni patte et vous me rendrez service, puisque vous avez à passer devant la maison de mon gendre, en lui disant d’emprunter une carriole et un cheval pour venir me tirer d’ici.

Julien Trassey allait répondre spontanément ; mais les premières syllabes s’arrêtèrent sur ses lèvres, qui ne laissèrent échapper qu’un soupir. Cette fois, Cécile avait compris, et elle n’hésita point à se pencher vers le jeune homme pour lui dire tout bas :

— Monsieur, il serait inhumain d’abandonner là ce pauvre homme. La voiture a quatre places, nous n’en occupons que trois. Est-ce que vous auriez, pour votre part, de la répugnance à lui offrir l’hospitalité ?

— Moi !

En disant ce simple mot, Julien tourna vers la jeune fille ses yeux dont la pupille noire envahissait l’auréole bleue, et ils échangèrent un sourire. Mais un sourire suffit pour se comprendre, entre gens d’égale délicatesse.

— Allez donc, monsieur, dit alors Cécile, voir si ce pauvre homme a besoin d’aide. Vous pouvez