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uns ondulaient encore au soleil avec ce bruit d’or remué particulier aux épis mûrs ; d’autres moissons, déjà coupées, s’amoncelaient en tas réguliers de gerbes dans les sillons où pointaient des tiges de chaume entre les festons des liserons rampants. Enfin, sur toutes les pentes, la vigne étalait ses pampres verts.

Le soleil qui se couchait dans une gloire de rayons jetait des teintes chaudes sur cet agreste paysage ; les lointains, aperçus entre la ligne fugitive des arbres bordant la route, s’estompaient dans une ombre transparente, couleur gris de lin. Des vols d’ailes rayaient le ciel où nageaient de légères gazes de vapeurs, nuancées de rose et de pourpre chatoyante.

— Ah ! ce n’est plus là le ciel de Paris ! dit Cécile à demi tournée vers le second banc, mais prête à donner la réplique à Julien Trassey s’il croyait cette exclamation à son adresse.

Ce fut Mme Maudhuy qui répondit à sa fille. Les yeux fixés à vingt pas au delà de son attelage, le jeune homme resta absorbé dans son rôle de cocher.

Malgré les encouragements que lui apportaient les signes de sa mère, Cécile n’osa pas renouveler sa tentative. La réserve de Julien lui en imposait. Elle sentait instinctivement que ce sérieux, cette immobilité n’étaient pas causés par une rancune mesquine, qu’ils exprimaient plutôt une dignité quelque peu sauvage ; mais Cécile ne savait comment