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— Je n’oserais m’honorer si tôt de ce titre qui vous appartient, monsieur Langeron, répliqua le jeune homme en s’inclinant devant le vieillard ; mais Charles peut affirmer que sa familiarité avec moi autorise sa mère à me traiter sans façons.

— Eh ! sans doute, dit à son tour Charles Maudhuy. Une dépêche, c’est toujours un événement inattendu qui rompt toutes obligations présentes, et qui demande à être connu à la minute ; mais les femmes — j’en demande pardon à ma mère — sont dominées par les menues convenances de détail, au point d’y sacrifier l’essentiel.

Charles Maudhuy exprimait là, d’un ton à demi gai, une de ses convictions intimes. Qu’elle fût ou non à l’honneur de ses vingt-six ans, elle s’harmonisait chez lui avec son attitude un peu gourmée, avec sa manière de porter haut la tête et de cligner les paupières pour regarder. Mais en ce moment il tenait ses yeux tout grands ouverts et fixés avec une expression d’avidité sur le télégramme. On eût dit qu’il lisait une nouvelle impatiemment attendue à travers les plis du papier bleu.

— Eh bien, mère, tu ne te décides pas ? dit-il en voyant que Mme Maudhuy tournait l’enveloppe entre ses mains sans se résoudre à en faire sauter le cachet blanc.

— C’est involontaire, répondit Mme Maudhuy, et je vous prie, messieurs, d’excuser cet incident désagréable qui vient nous gâter la fête de mon fils, que vous avez été assez aimables pour vouloir bien