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obéirait à ces avis de politesse, de discrétion, d’affabilité ; mais peu lui importaient tous ces gens-là.

À Sennecey, son oncle seul l’intéressait, son vieil oncle qu’elle avait eu tant de chagrin à quitter autrefois et dont elle avait longtemps craint de ne pas regagner l’affection. Elle seule l’avait senti chaud de cœur, cet homme rude de dehors qu’on avait souvent accusé devant elle de bizarrerie chagrine et de tyrannie sans qu’elle osât prendre sa défense. Comment aurait-elle pu opposer son instinct de fillette de treize ans à la rancune de sa mère et à l’ascendant d’un frère aîné dont l’opinion faisait loi ?

Mais ces tristes temps de brouille où chacun commet de son côté des injustices de jugement étaient passés. Cécile avait pu enfin prendre sa douce revanche en disant tout haut ce qu’elle n’avait jamais cessé de penser tout bas de son oncle. Le cœur lui battait plus fort dans la poitrine à l’idée que chaque tour de roue du wagon, chaque aspiration haletante de la locomotive la rapprochait de Sennecey. Comme elle allait embrasser l’oncle Carloman ! Quelle joie d’avoir à lui rendre les menus services exigés par sa convalescence ! de lui faire la lecture, de le distraire en causant avec lui, de le promener dans les allées du parterre !

La part d’égoïsme que Cécile reconnaissait dans le sentiment qui l’animait, tenait à sa joie de se promener dans le jardin, de visiter ses anciennes