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— Non, c’est assez gentil pour prendre un faux air féminin, répondit Cécile en souriant.

Depuis leur longue causerie, Mme Maudhuy s’était emparée de la distinction faite par sa fille entre les sentiments masculins et les sentiments féminins pour en plaisanter, et c’était entre elles un jeu de paroles qui se renouvelait à l’occasion.

— Mesdames, il ne nous reste plus qu’à passer sur la voie, leur dit Albert Develt en revenant avec les billets de bagage. J’ai vu le sous-chef de gare ; on va nous ouvrir une porte spéciale de ce côté. Vous ne serez pas obligées de stationner dans la salle d’attente, et nous allons vous établir dans vos coins de wagon avant les autres voyageurs.

— Voilà pourquoi tu te dépêchais tant, lui dit Charles. Je comprends aussi pourquoi tu te trouvais à la gare avant nous.

Quand les voyageuses furent installées, Albert Develt prit à l’éventaire du marchand de journaux qui circulait sur le trottoir de la voie, quelques publications illustrées qu’il glissa auprès de Mme Maudhuy. Ses derniers mots à Cécile, au moment où il prenait congé, furent aussi ingénieux qu’aimables.

— Adieu, mademoiselle, lui dit-il. Il serait trop présomptueux d’espérer que vous aurez, pendant votre absence, le moindre souvenir de l’ami de Charles ; mais vous penserez assurément aux fleurs, aux arbustes de votre balcon. Vous avez chargé votre frère d’en prendre soin ; mais Charles n’est pas champêtre — l’expression est de vous — et je le