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mais comme tu t’exprimes avec un peu de colère, ma pauvre maman, le tour de ta phrase me donne du ridicule. Comprends-moi : je ne prétends pas u’il n’y ait pas des hommes dévoués ; j’ai même de la joie à me figurer que certains d’entre eux surpassent les femmes en héroïsme de sentiment ; mais je crois qu’en général, la nécessité d’une position sociale à se faire développe chez les hommes autre chose que la sensibilité, et tant que je ne serai sollicitée que par des prétendants de cette sorte, je ne mettrai pas même mon mariage en question.

— Mais qu’allons-nous dire à Charles ? demanda Mme Maudhuy. Je voudrais bien passer en paix mes derniers jours à Paris.

— Ah ! dit Cécile en souriant, tu vois bien que mon idéal est le tien : la paix dans la maison. Mais cette fois nous n’avons rien à débattre contre Charles. On ne me demande que d’écouter M. Develt patiemment. Puisque tu t’es engagée, je consens à l’entendre, mais à condition que tu seras plus souvent entre nous deux. Ce n’est pas qu’il me gêne ou m’embarrasse, mais je m’ennuie un peu avec lui, je te l’avoue ; je fais les efforts d’une personne obligée de parler une langue étrangère peu familière, et puis tout cela ne mène à rien.

— On ne sait pas, dit Mme Maudhuy, M. Develt a six jours encore pour plaider la cause de son caractère calomnié par toi, et l’on a vu des jeunes filles revenir sur leurs préventions.