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je t’embrasse ainsi — elle se haussait pour mettre un baiser filial sur les joues de Mme Maudhuy, — c’est pour excuser un peu ce que j’ai à te dire, à mon tour. Je puis avoir foi dans ton indulgence, n’est-ce pas ? Eh bien, voici mon opinion sur ce qui s’est passé aujourd’hui : c’est que tu as eu plus d’égards pour l’ami de mon frère que pour ta fille.

— Et comment ?

— Tu as autorisé ce jeune homme à venir chaque soir ; tu m’as laissée presque en tête à tête avec lui, et tout cela sans me demander à l’avance si je vois quelque raison d’être à ces entrevues d’épreuve.

— M. Develt te déplaît donc sans plus ample examen ? Je ne me le serais pas figuré. Tu l’avais toujours accueilli avec cordialité.

— Parce que c’était l’ami de mon frère ; mais je n’ai rien contre lui, si ce n’est qu’il a sur toutes choses des idées opposées aux miennes. Chaque mot qu’il me dit est pour moi un voyage de découvertes dans un pays inconnu.

— Et quel est ce pays, ma fille ?

— Je pourrais l’appeler : la foire aux intérêts matériels et aux vanités parisiennes.

— Tu as donc des lumières spéciales, car j’ai toujours trouvé M. Develt dans une excellente moyenne de bon sens et d’impressions droites ?

— Je ne te dis pas, mère, qu’il énonce des choses choquantes. Il s’écoute trop parler pour laisser échapper des énormités, et certes, devant nous, soigne la toilette de ses phrases. Sous cette forme