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de ses intérêts de cœur, elle trouva Cécile redevenue sérieuse, mais avec une nuance de hauteur.

Cécile était restée assise près du guéridon qui supportait la lampe allumée, et telle que sa mère la revit, il n’y avait rien sur ses traits du trouble charmant, de l’aimable confusion que cause à une jeune fille l’annonce d’un prétendant, mais plutôt une expression dédaigneuse qu’une légère contraction au coin des lèvres accentuait de raillerie.

— Eh bien ! Cécile ?

Ce fut tout ce que Mme Maudhuy sut dire, tant elle fut surprise de ce jeu de physionomie, peu habituel à la douce nature de sa fille.

— Mère, répondit Cécile avec une tristesse subite, il me semble que j’ai plutôt à vous écouter qu’à vous parler la première.

— À la bonne heure, ma fille ; je te retrouve, maintenant que tu as quitté cette moue hautaine qui m’empêchait de reconnaître en toi ma Cécile. J’ai donc à t’apprendre les détails de ce que ton frère t’a jeté en bloc. M. Develt est venu aujourd’hui, non pas te demander en mariage — c’est son patron, à défaut de parents à Paris, qui fera cette démarche en temps et lieu — mais me mettre au courant de sa situation de fortune, me confier sa sympathie pour toi, et me demander la permission de venir chaque soir jusqu’à notre départ, afin de faire plus ample connaissance. Il a sur le mariage des idées fort justes, ce jeune homme ! Il ne voudrait pas d’une union de pure convenance, il