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L’entrée de M. Develt l’étonna tellement qu’elle répondit à son salut en lui demandant s’il n’était rien arrivé de fâcheux à Charles. Cette idée avait été aussi celle de Mme Maudhuy qui, en même temps que sa fille, adressait la même question au visiteur.

— Rassurez-vous, Mesdames, répondit le jeune homme, j’ai laissé Charles fort paisible au bureau. J’admire qu’en me voyant à une heure inusitée, vous vous soyiez simultanément inquiétées de lui. Ah ! mon ami est bien heureux d’être entouré de telles affections de famille ! C’est un bonheur que je lui envie, moi qui suis orphelin. Pour être seul dans la vie, je n’en apprécie que mieux le bienfait de ces pures tendresses.

La causerie traîna un grand quart d’heure sur ce thème mélancolique pour lequel la voix aigrelette d’Albert Develt cherchait des intonations de petite flûte qui parfois détonnait. Il ressassait la même idée en variant ses phrases et les ponctuait de légers soupirs en tiraillant ses gants de Suède au poignet.

Les gants étaient neufs, le costume de M. Develt, plus cérémonieux que ses vêtements journaliers, et bien certainement ses cheveux d’un blond roux avaient ce tour que laisse le fer du coiffeur. Peu à peu Mme Maudhuy s’aperçut de ces détails et comprit le sens des phrases entrecoupées, des regards mystérieux du jeune homme, et aussi quelle impatience nerveuse le faisait changer de pose à chaque instant sur son fauteuil.

— Cécile, dit-elle à sa fille, M. Develt est trop