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en face d’un jeune homme qui n’était que l’ami de son frère et dont on ne connaissait pas les intentions à son égard.

Ces idées ne pouvaient donner une physionomie gracieuse à Mme Maudhuy. Cette première partie de la promenade fut d’autant plus silencieuse que chacun avait sa part de gêne intime. Charles était confus de s’être emporté, d’avoir dévoilé sa crainte jalouse ; il était mortifié aussi d’avoir trouvé sa sœur moins docile que de coutume. Il y avait un danger pour lui de ce côté. Albert Develt, préoccupé des attitudes contraintes de son ami et de Mme Maudhuy, cherchait à deviner ce qui avait pu se passer entre eux. Quant à Cécile, il s’apercevait bien qu’elle avait pleuré.

Accotée au dossier du landau, la jeune fille ne cherchait pas à dissimuler sa mélancolie ; elle s’y absorbait même, au lieu de se distraire par le spectacle animé de la chaussée que sillonnaient de nombreux équipages, ou par le kaléidoscope mouvant du trottoir où, dans la masse noire des piétons, les toilettes d’été des promeneuses faisaient des taches claires, des tons gais. La tête un peu renversée en arrière, Cécile regardait le ciel. Des nuages légers y chatoyaient des teintes ardentes du soleil couchant, et, bien au-dessus des toits, des ailes rapides le traversaient. Oh ! si la jeune fille avait pu fuir avec ces hirondelles !

Tout à coup, sur un mot de Charles au cocher, le landau tourna vers la place de la Madeleine et