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avait oublié au fort de la discussion. Charles laissa retomber la main de sa sœur, il fut le premier à retrouver le sentiment de la situation et à le prouver par ces paroles :

— Voyons, Cécile, c’est fini ; fais comme tu voudras, mais sauve-toi dans ta chambre pour baigner tes yeux d’eau fraîche.

Aux physionomies contractées de Mme Maudhuy et de son ami, Albert Develt devina quelque contrariété domestique, mais il eut l’air de ne pas la soupçonner. Cécile se fit attendre un quart d’heure. Brisée par cette scène, elle eût souhaité rester à la maison ; mais sa mère, chargée d’aller l’endoctriner, lui persuada que ce serait une grande impolitesse à faire à l’ami de son frère.

Le landau gagna les boulevards, qu’il suivit au pas, rasant le trottoir de droite dans la direction de la Madeleine. Les deux jeunes gens, qui occupaient le siège de devant, eurent à saluer une dizaine de fois des connaissances parmi les promeneurs. Charles nommait à sa mère les piétons qu’il honorait ainsi, soit d’un coup de chapeau, soit, plus familièrement, d’un signe de tête, et à chaque fois Mme Maudhuy était ressaisie par le scrupule qui l’avait fait hésiter à accepter cette promenade.

Le lendemain, ces gens-là rencontreraient Albert Develt et lui demanderaient si la fille de Mme Maudhuy était sa fiancée. Vraiment, Charles traitait trop légèrement ces questions de convenance ; il n’aurait pas dû exhiber sa sœur dans cette voiture découverte