Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plats dont le seul Dieu au fond est l’intérêt matériel : mais je n’avais jamais vu autour de moi que de braves gens, et quant à ces monstres de l’humanité, je les reléguais je ne sais où, dans quelque repaire à serpents, mais bien loin de moi en tout cas. Et voilà que tu me prends pour un de ces êtres sordides ! Oh ! je m’en sens humiliée. J’en ai le cœur flétri. Que cette injustice me soit faite par mon frère, c’est ce qui me la rend plus amère. Tiens ! je te pardonne, mais je ne sais pas comment je parviendrai à oublier le mal que tu viens de me faire.

Un sanglot coupa la parole à Cécile qui alla cacher sa tête dans les bras de Mme Maudhuy aux genoux de laquelle un mouvement spontané la précipita. C’était un asile, non une protection ni un défenseur que Cécile cherchait là ; et en effet la mère ne sut que dire à son fils :

— Charles, c’est exagéré… Charles, tu vois que tu désoles ta sœur. Je t’en prie, mon fils, faites la paix pour moi.

Mais Charles, sûr de son ascendant, voulait l’exercer tout à fait et il ne répondit à ces faibles instances que par des railleries sur la comédie de douleur dont Cécile les régalait.

— En effet, je ne pleure plus, dit tout à coup la jeune fille en se redressant par un mouvement grave et lent.

Ses yeux étaient encore gonflés, mais le flot de larmes qui les avait baignés était tari. La fierté de la sincérité méconnue faisait étinceler le regard de