Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bannées de toutes les fioritures du métier, l’oncle Carloman est un corbeau trop vieux et trop malin pour ignorer quel fromage convoitent les flatteurs. Il se moquera de tes protestations de tendresse ; il saura bien qu’elles ne s’adressent pas à lui et qu’elles ne visent que son héritage.

— Oh ! Charles, mon frère Charles, est-ce toi qui parles ? s’écria Cécile dont le visage était inondé de larmes longtemps contenues, mais qui s’échappaient à flots sous cet outrage fraternel.

— Mais c’est odieux, ce que tu dis là, continua-t-elle en s’animant peu à peu. Ma pauvre lettre, écrite d’un si naïf mouvement de cœur !… Tiens ! veux-tu que je la déchire ? Donne-la-moi.

Charles s’empressa de tendre à sa sœur l’enveloppe qui contenait les feuillets incriminés. Cécile fut sur le point d’en faire le sacrifice ; mais ce sacrifice lui coûtait trop pour qu’elle consentît à le faire gratuitement. Elle glissa donc la lettre dans sa poche et dit à Charles :

— Je la déchirerai, mais à condition que tu me demanderas pardon de la méchante idée que tu as eue à mon sujet. Est-il possible qu’on puisse soupçonner — je ne dis pas, sa sœur — mais quelqu’un d’une telle bassesse ? Il faut que dans le monde des affaires tu voies de bien vilaines gens, mon pauvre Charles, pour que tu croies si vite à de tels calculs. Tu me causes une peine affreuse, une peine que je ne connaissais pas. Je savais vaguement qu’il y a dans le monde des natures perverties, des êtres