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de ces apparences, on vous croit sans rouerie ; on répète des phrases de convention sur votre belle âme. Ces âmes innocentes connaissent leurs intérêts et les ménagent avec un machiavélisme dont peu d’hommes seraient capables. Ma pauvre mère n’a vu qu’un banal papotage dans ta lettre à l’oncle Carloman, puisqu’elle en a ri ; mais on ne m’abuse pas ainsi, ma chère. Qu’est-ce que c’est que cette scène de sensiblerie par laquelle tu débutes, sinon une tentative pour attendrir à ton seul profit le cœur de notre oncle ? Il t’a donc juré d’être ton père, à toi ? Et pourquoi n’est-il pas question de moi aussi dans cet article de ta lettre ? Est-ce que mes droits à sa tendresse ne valent pas les tiens ?… Mais si tu as été habile à passer mon nom sous silence au seul endroit où il aurait été bien placé, tu n’as pas manqué de le mentionner aux pages suivantes, quand mon souvenir pouvait être rappelé pour me nuire « Charles n’aime pas la campagne ; … le jour où vous vous êtes fâché contre mon frère », etc. Et qu’est-ce, s’il te plaît, que ce sot roman d’un déguisement en vendangeuse, et cette pose d’exilée à regret loin de Sennecey, et tous ces patelinages, sinon des manœuvres pour circonvenir un vieux parent ? Ta lettre ! mais c’est la fable du renard et du corbeau mise en action. Malgré les yeux étonnés que tu me fais, malgré tes grands airs de protestations, je ne suis pas ta dupe, ma petite. N’espère pas non plus que l’oncle Carloman s’y laissera prendre. Tes ficelles ont beau être enru-