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plus vigoureuse ; j’ai entouré sa racine de terre mouillée, puis de feuilles ; j’ai entortillé mon mouchoir autour de cet appareil, et quand nous sommes remontés en voiture, j’étais fière et silencieuse, en personne qui couve un secret important.

« À peine arrivée, j’ai couru au jardin pour trouver une bonne place à mon arbre. J’ai failli le planter sur la petite plate-forme du labyrinthe. Puis, je me suis souvenue qu’on s’y promenait souvent et j’ai craint qu’on ne l’écrasât sous les pieds. Je n’ai pas songé un seul instant aux carrés des parterres. Avec sa grosse bêche le jardinier aurait décapité mon élève en faveur de ses salades.

« Après avoir tout pesé, j’allai creuser un trou au milieu de la cour du petit logis qui était bien vide, puisqu’elle n’avait de verdure que le rideau de lilas contre le mur du chemin. Il y avait dans un coin de la cour des briques laissées en dépôt qui servirent mon projet. J’établis autour de mon jeune plant une sorte de château fort en briques superposées et à l’intérieur de cette citadelle qui avait bien cinquante centimètres de tour, je piquai en terre des branches d’épine sèche pour protéger mon jeune arbre contre les atteintes des poules, maîtresses dans ce temps-là de courir tout le clos.

« Cet exploit, hélas ! a été mon dernier dans ce genre, car c’est le lendemain que vous vous êtes expliqué avec mon frère. Trois jours après, nous avions quitté Sennecey, non sans que je fusse allée