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pour avoir remarqué que ces fleurs étaient venues superbes à l’ombre, j’ai distribué mes six pieds à l’intérieur de la charmille, tout contre le tronc des arbres, deux à chaque extrémité, un pied à chaque milieu. Et d’une !

« Les pêches de votre ferme de Beaumont me paraissant excellentes, j’ai semé quelques noyaux de ces fruits le long du mur neuf qui ferme le jardin du côté des écuries. J’ai même fait le sacrifice méritoire d’enterrer une pêche entière, sans y donner un coup de dent. C’était une expérience digne de mes treize ans, et faite pour voir si le fruit entier donnerait un plant d’une meilleure venue. Et de deux !

« Tout le long de la montée du labyrinthe, j’ai planté des boutures de rosiers, puis des fraisiers des bois que je rapportais de nos excursions et dont les paquets terreux vous faisaient me demander pourquoi je me chargeais de ces herbes. Et de trois !

« Enfin la plus grande de mes hardiesses a été de planter dans la cour du petit logis une pousse d’arbre de Judée que j’avais prise au château de Ranfey où vous m’aviez amenée un jour. Nous y avions trouvé le jardinier occupé à dégager le tronc d’un de ces arbres d’une quantité de pousses et il vous avait dit : « Cette essence prospère si bien dans nos terroirs qu’elle envahirait tout si on la laissait faire. » Je vous ai laissé causer avec le jardinier de l’affaire qui vous amenait et j’ai choisi parmi les pousses arrachées celle que j’ai cru la