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les espérances que le fils fondait sur l’effet qu’il avait produit n’étaient pas acceptées sans un léger doute par la mère. Sévèrement éprouvée par le sort, Mme Maudhuy s’était résignée pour son propre compte à la médiocrité, et si elle souhaitait meilleure chance à ses enfants, elle n’osait se flatter qu’ils fussent mieux favorisés par la destinée. Elle avait si bien expérimenté, par son propre exemple, que les événements humains sont composés d’une part d’imprévu qui déroute toute logique ! Si elle était préoccupée de l’héritage de l’oncle Carloman, c’était en raison de l’importance qu’avait l’argent aux yeux de son fils, c’était aussi par ce motif, louable après tout, parce qu’il perpétue dans les familles le bien-être accumulé par les générations antérieures, que les terres des vieux Maudhuy devaient revenir aux jeunes Maudhuy plutôt qu’à des étrangers. Mais l’affaire de la succession n’était pas pour elle, ainsi que pour Charles, l’unique bienfait de cette réconciliation de famille.

— L’oncle Carloman testera comme il voudra, disait-elle, l’important, c’est qu’il ait cessé de nous bouder. Mais je ne me fais pas d’illusion à son sujet, même au point de vue de ses dispositions sympathiques à notre égard. Ainsi, je ne crois pas du tout à cette invitation pour ma fille et pour moi. Il l’a lancée en l’air au moment des adieux afin que Charles s’en allât de bonne grâce. Les bulletins de santé qu’on nous envoie de Sennecey sont arides comme un pensum composé à regret. On dirait que