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ce Maudhuy ne prétendait pas s’élever au-dessus de sa sphère.

Sa femme, en coiffes plissées et en robe de toile peinte dont les manches arrêtées au coude finissaient par des engageantes en point de Paris, n’avait pour tous bijoux qu’une croix à la Jeannette attachée à un velours noir et surmontée d’un gros cœur d’or ; mais sa physionomie était piquante, avec son petit nez à la Roxelane et la fossette creusée dans sa joue par le sourire, deux traits qui démentaient la dignité un peu raide de sa pose.

Tels qu’ils étaient, ces deux ancêtres ne faisaient pas déshonneur à Charles et il les contemplait avec complaisance lorsqu’il fut interpellé tout à coup par son oncle qu’il croyait encore assoupi.

— Oui, Charles, disait le malade, regarde-les, ces braves gens qui nous ont laissé cette maison et l’exemple de leur sage conduite, peinte sur leurs figures. Depuis eux la famille Maudhuy n’a rien donné qui les valût. J’en excepte mon père qui, en traversant l’orage de la Révolution, a subi là des épreuves inconnues à ses ancêtres. Mais nous autres, nous n’avons pas valu ces anciens-là.

— Ceci est pure modestie en ce qui vous concerne, mon cher oncle, car vous du moins vous êtes resté fidèle à leurs traditions, et j’ai remarqué le soin pieux dont vous avez restauré la création de ces deux Maudhuy.

— J’y ai moins de mérite que tu ne crois, mais laissons cela… Me voici rafraîchi par ces quelques mi-