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de petits cadres en passe-partout. Ce musée de famille appendu au mur et dans lequel Charles se retrouva sous la forme d’un bambin de six ans très frisé et orné d’un col de guipure était complet pour trois générations, grâce à l’adjonction de deux daguerréotypes très effacés, dans lesquels Charles finit par reconnaître son grand-père et sa grand’mère Maudhuy : le premier, vêtu d’un habit à haut collet et d’un gilet à dessins cachemire ; la seconde, coiffée du chapeau bressan d’où pendaient des chaînes d’or, et le cou paré du collier d’émaux traditionnel, paraissant dans l’ouverture en cœur d’un châle à ramages.

Au-dessus de ces petits cadres et les dominant autant de leur antiquité que de leur valeur artistique, deux pastels d’assez grande dimension représentaient les Maudhuy de 1750, mari et femme. L’homme, rasé de près, les cheveux retenus en arrière par un nœud de ruban noir surmontant une petite bourse, offrait le type qu’on attribue volontiers aux petits bourgeois du xviiie siècle, affinés par leurs rapports avec la haute société. Son œil largement ouvert regardait droit devant lui avec cette franchise qui ne craint pas de se laisser pénétrer ; sa bouche, très épanouie, était de celles qui ne sauraient mentir, mais où peut éclore aussi aisément une fine épigramme qu’un joli madrigal. Quant au costume, sa teinte sobre, sa coupe modeste, sa garniture de boutons en métal bruni, les manchettes et la cravate de linge, indiquaient que