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qui me fait penser à te dire cela. Si cette somme n’est rien comme dot à tes yeux, le double doit commencer à représenter quelque chose.

— Vous vous moquez de moi, mon oncle, et je le mérite, pour l’outrecuidance avec laquelle je me promettais autrefois une prompte fortune. L’expérience m’a appris que de rien quelque chose ne saurait venir. Je suis attaché à une fonction où je fais gagner beaucoup d’argent à mon patron et aux clients de sa maison, sans en avoir au bout de l’année rien de plus que mes appointements. J’aurai de quoi vivre tant que j’occuperai cette place, et si je la perdais, j’en retrouverais une équivalente dans une autre maison, voilà l’unique bénéfice de mes efforts, et vous voyez qu’il est tout moral. Je ne suis donc pas à même de faire de la générosité à l’égard de ma sœur. Certes, si la chance me favorisait, je serais heureux d’arrondir la dot de Cécile ; mais, à manœuvrer un petit capital, on ne saurait faire de gros gains.

— Hum ! si j’entends encore ce que parler veut dire, répartit l’oncle, ceci signifie que ta mère a eu la faiblesse de t’abandonner ce qui t’appartient.

Charles entama une explication verbeuse d’où il résultait que ce capital prospérait entre ses mains. Ce n’avait pas été faiblesse, mais preuve de sens de la part de sa mère, que de lui en laisser la libre disposition ; comme argument à l’appui, il donna le chiffre du revenu élevé qu’il avait su tirer en six mois de ses petits fonds.