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cette jeunesse qui grandit sans que nous y prenions garde ! Mais elle est en âge d’être mariée, cette enfant. Parle-moi de ses prétendants.

— Ce sera fait en un mot : Vous devriez savoir, mon oncle, qu’à Paris les plus jolies filles sans dot ne trouvent pas d’épouseurs.

— C’est que vous les cherchez trop haut, et que Cécile est ambitieuse comme sa mère et toi.

— Ah ! mon oncle, vous ne la connaissez pas. Cécile, ambitieuse !… Certes, c’est une bonne créature, mais elle est d’une nullité, d’un enfantillage… Croiriez-vous qu’à vingt et un ans, son seul plaisir, sa seule passion, c’est le jardin qu’elle s’est fait sur notre balcon avec une centaine de pots de fleurs ! Elle ne sait parler que de ses plantes ; elle invente toutes sortes d’engins pour les préserver du vent, du trop grand soleil, et elle manie le terreau avec ses doigts à faire croire qu’elle est née pour cela. Penser au mariage ! Mais elle n’a pas assez de coquetterie pour seulement se demander si elle peut plaire, ni assez d’amour-propre pour se trouver piquée de n’avoir pas le moindre soupirant. Pourvu que ses pittospores fleurissent bien, que ses fougères soient saturées d’arrosage et que ses dattiers, venus de noyaux semés par elle, ne prennent pas la maladie, Cécile se trouve la plus heureuse fille du monde.

— Tiens ! tiens ! tiens ! fit le malade dont la figure s’anima tout à coup.

— Je ne veux pas trop diminuer Cécile à vos yeux,