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fus mariée à M. Brülher. Je me vis obligée de diriger une maison nombreuse, moi qui ne savais pas me gouverner. Ce mariage était de pure convenance, et pourtant j’aurais pu y trouver le bonheur si j’avais été capable et digne de le goûter. Mon mari était affectueux, passionné pour la vie de famille en sa qualité d’Allemand, plein d’égards pour ma jeunesse qui était mon grand charme à ses yeux, car il avait quinze ans de plus que moi, et il aspirait à se reposer des affaires dans un intérieur agréable.

Vous ignorez peut-être qu’il était cadet de famille noble. De bonne heure, il se fatigua de sa situation précaire qui lui assurait en Allemagne un grade militaire et des honneurs stériles ; il voulait fuir aussi une haine fraternelle qui lui aliénait le coeur de ses parents. Réduit à ses seules ressources, le baron Brülher s’expatria et dérogea ; il se fit une position honorable dans la banque, aidé par ce génie patient des Allemands qui est fait de probité et de constance. Tant qu’il n’eut pas édifié sa fortune, il s’interdit toute pensée de mariage, ne pouvant prétendre à une union digne de ses vues et de sa naissance. Dès qu’il put réaliser ses visées, il choisit, non la plus riche, mais la femme qu’il croyait devoir lui donner ce bonheur intime pour lequel sa na-