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faire d’une jeune fille est celui-ci : « Elle n’a pas plus de volonté qu’un enfant ! »

Il résulte de ce système que les jeunes filles n’ont rien qui leur soit propre, ni une idée ni un sentiment. Toute initiative personnelle leur étant déniée, elles ne soupçonnent pas qu’elles en doivent jamais avoir un jour. Une longue habitude de soumission irraisonnée leur fait tendre la tête au premier joug qui s’impose à elles. Elles sont les esclaves des premières impressions qui les dominent ; elles n’acceptent pas, — ce fait supposerait quelque virtualité de raisonnement, — elles subissent tout.

Si je suis devenue plus tard indépendante de toute influence étrangère, si je me suis cloîtrée dans mon for intérieur comme dans une citadelle fermée, c’est pour avoir souffert de cette faiblesse qu’on louait en moi, c’est pour avoir compris, bien tard, hélas ! qu’il faut tremper énergiquement son âme, afin de ne pas la laisser briser ou entamer.

À peine sortie de la douce atmosphère du couvent, ne connaissant des âpres rivalités du monde que les innocentes luttes de l’émulation, de ses plaisirs, que nos fêtes enfantines, de ses passions, que mes préférences pour deux aimables religieuses et pour deux ou trois compagnes, je