Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

la forme d’une flamme. C’est un enseignement. La flamme veille. La flamme est le dégagement de toute matière grossière. Il faut la conserver pure et vigilante. J’ai l’air de vous dire des banalités et des énigmes. Vous verrez que ceci a un sens.

Vous avez souri, Paule, lorsque je vous ai promis l’histoire de ma vie ; vous croyez la connaître : c’est ce qu’a voulu me faire entendre ce mouvement de tête et des lèvres qui ne m’a pas échappé. Détrompez-vous. Vous ne savez rien de moi, et vous êtes la première à qui j’en dirai quelque chose. N’est-elle pas étrange, dites-moi, cette ignorance où nous sommes les uns des autres ? De tous les sanctuaires, un seul ne peut être profané, à moins qu’il ne se dégrade lui-même, c’est celui de l’âme. Nous sommes des inconnus pour les personnes à qui nous donnons la main, pour nos proches souvent. Nos actions, nos paroles tombent sous leur jugement ; mais les mobiles, les causes qui nous font agir sont pour eux des mystères.

Plus que tous, j’ai été jalouse de cette possession de moi-même, seul bien qu’on ne puisse enlever aux plus misérables. J’ai mis longtemps mon orgueil à n’initier personne aux secrets de mon cœur, et je me suis complue dans l’idée que