Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

droit qu’aux décisions du présent et aux inspirations pour l’avenir ; et je ne vous parlerai même de votre situation qu’après avoir répondu à votre confiance par un égal abandon. Vous m’avez dit toute l’histoire de votre âme ; vous ne m’en avez caché ni les erreurs ni les défaillances. Je veux que vous sachiez que j’ai connu les mêmes orages et de plus grands. Si j’ai été frappée comme vous et plus rudement que vous-même, puisse l’exemple de ma vie vous être profitable. Et si l’on dit vrai, si l’expérience n’a que des leçons inutiles, vous gagnerez du moins à ce récit de mieux me connaître, de mieux apprécier ceux qui vous entourent. Vous y perdrez des illusions, par conséquent vous y gagnerez de la force, car elle est misérable ; cette pente qui nous entraîne à regretter toutes nos ignorances. Le bénéfice de cette faiblesse est nul ; si nous ne quittons les premiers les illusions dont je parle, elles nous abandonnent d’elles-mêmes. Croyez-moi, Paule, il est mauvais de nous laisser bercer par elles ; elles nous endorment comme le mouvement d’un canot sur la mer ; mais quand elles nous réveillent, c’est en nous jetant sur quelque écueil ou en nous engloutissant dans l’abîme. Donc, il ne faut pas trop rêver. Et tenez ! on représente l’âme sous