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exaltée, ses velléités de coquetterie qui l’avaient dégoûtée, puis son découragement ; enfin le réveil de ses sentiments comprimés dès que Christian était devenu amoureux d’elle, et le roman furtif qui s’était noué entre eux, leur échange de regards, de demi-mots et de lettres ; quand elle eût dit tout cela, rougissante et émue, elle se sentit soulagée.

Suzanne avait laissé parler Paule sans l’interrompre ; elle lui avait seulement pris les mains, les serrant avec intérêt quand la jeune femme revenait sur ses tentatives inutiles pour se rattacher à l’amour du devoir. Puis, lorsque Paule conta les premiers empressements de Christian, le respect, l’adoration timide dont il l’entourait depuis un an, Suzanne sourit et des soupirs contenus gonflèrent sa poitrine ; mais elle s’abstint de toute réflexion et quand Paule, ayant terminé sa confidence, lui dit :

— Suis-je tout à fait digne de blâme ? me trouvez-vous sans excuse ?

Suzanne ne répondit rien. Elle s’accouda sur la table rustique (car cet entretien avait lieu dans la grotte), et la figure dans ses deux mains, elle se prit à méditer.

Paule fut inquiète de ce recueillement qui se prolongea très-longtemps. Elle le respecta pour-