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à l’abandon de leurs pensées les plus intimes dès qu’une âme sympathique s’est révélée à elles. On a beaucoup raillé, de tout temps, ce penchant des femmes, parce qu’on a méconnu son vrai sens. Rien de moins léger, rien de plus noble et de plus saint que ce besoin d’épanchement-qui n’est qu’un besoin de lumière et de contrôle, un cri de la faiblesse, un appel à la force protectrice, quand il n’est pas le désir de calmer une douleur au doux contact de la pitié.

Toute confidence faite décharge l’âme d’un grand poids. Il faut avoir porté un secret pour savoir combien pèse le moins lourd. On dirait par cet effet constant de la confiance qu’elle établit une solidarité d’intérêts et de sentiments entre celui qui a livré son cœur et celui qui a reçu cette preuve d’estime.

C’est ce que ressentit Paule Vassier le lendemain de l’incident qui avait failli mettre sa réputation à la merci de Madame de Craye. Quand elle eût raconté à Suzanne, avec effort d’abord, avec entraînement ensuite, les déceptions de son mariage, la sécurité nonchalante de son mari, cette absence entre elle et lui de rapports d’intelligence et de cœur qui la rendait solitaire, ses accès de révolte contre sa plate et triste destinée, ses accès contraires de dévotion qui l’avaient