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dant des baisers de bon cœur et en essuyant ses larmes. Il ne faut pas pleurer : vous ne pouvez pas vous le permettre ce soir. Une femme qui reçoit quarante personnes, c’est un soldat sur la brèche. Il doit sourire même aux blessures, à plus forte raison lorsqu’il a dérouté l’ennemi. Allons ! ne pleurez plus, car nous avons victoire gagnée : voici votre bien. »

Et elle lui tendit le petit billet si adroitement intercepté.

— Suzanne, vous m’avez sauvée. Vous avez été aussi spirituelle que généreuse. Soyez mon amie, voulez-vous ?

— Prenez garde. Vous ne savez pas ce que vous me demandez là. Je suis peut-être très-sévère, bien que d’une autre manière que Madame de Craye. Je ne comprends pas l’amitié sans une entière confiance.

— Oh ! Suzanne, je vous dirai tout ! s’écria la jeune femme en serrant les mains de Madame Brülher avec effusion.

— Et vous ne m’en voudrez pas si je vous gronde quelquefois, si je vous apprends la vie, à vous qui ne la savez pas encore, et si je tranche à vif peut-être dans vos illusions ?

— Suzanne, pourquoi m’avez-vous rendu ce service ?