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de cette étrange conduite ; elle le devina en s’apercevant que Christian, dans un moment où Paule venait de poser son éventail sur un guéridon, le saisissait et glissait un billet entre ses branches. Rien de plus maladroit, car le guéridon était en pleine lumière, mais Christian s’était cru habile et mal observé ; il avait compté sans la clairvoyance de Madame de Craye qui suivait tous ses mouvements dans la glace voisine.

Quand Paule eut repris son éventail en le serrant avec embarras dans ses deux mains (car elle était contrariée d’une imprudence qu’elle n’avait pas autorisée), Madame de Craye se leva du coin dans lequel elle était blottie et lui dit :

— Mais quel éventail avez-vous donc là, chère Madame ? C’est un point d’Angleterre sur de la moire rose, je crois. Le joli travail ! Puis-je le voir ?

Paule, saisie par cette demande perfide, restait interdite et tremblante, n’osant refuser, n’osant donner le malencontreux éventail, et n’ayant pas l’aplomb nécessaire pour faire disparaitre le billet révélateur. Elle s’efforçait de sourire, mais elle perdait la tête, tant la situation était horrible dans son apparente simplicité, lorsque Suzanne vint à son secours par une inspiration soudaine.