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son long corps décharné, sa face d’ascète et ses yeux ardents, à paupières charbonnées, qui scrutaient toutes les physionomies avec une pénétration et une insistance d’inquisiteur. Peut-être n’était-elle venue que pour espionner chrétiennement Madame Vassier afin de juger s’il fallait rendre contre elle l’arrêt de proscription projeté. Ce soupçon ne fit que traverser d’abord l’esprit de Suzanne, mais il prit pour elle les proportions d’une certitude après un incident qui faillit amener les plus graves conséquences.

Madame Vassier faisait les honneurs de sa maison avec beaucoup de grâce, s’occupant des personnes âgées, disant à chacun un mot agréable, évitant surtout de regarder Christian Czreski ; car elle se craignait elle-même et redoutait les observateurs. Mais autant elle était réservée, autant Cristian se montrait imprudent ; il se trouvait à chaque instant sur son passage, changeait de place lorsqu’il ne pouvait plus la contempler à souhait, et saisissait la moindre occasion de lui adresser la parole. Il ne lui disait à coup sûr que des choses indifférentes, car elle avait soin de lui répondre à haute voix, mais il lui parlait d’un air de mystère et avec un accent composé fort compromettant. Suzanne se demandait quel était le mot