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mari sans reproche parce qu’il était fidèle à sa femme, sans songer qu’il y a plusieurs sortes de fidélité et qu’elle est presque négative, celle qui n’apporte dans les tête-à-tête que des préoccupations d’intérêt et des distractions commerciales. Bon époux, bon père de famille, suivant la locution vulgaire, M. Vassier eût été surpris si on lui avait dit une chose vraie pourtant, à savoir que sa femme était solitaire à ses côtés et par sa faute à lui. À quoi manquait-il donc ? Quelle loi du cœur méconnaissait-il ? Celle qui exige de deux êtres unis pour la vie une intimité parfaite, une communion de sentiments.

L’unique pensée de M. Vassier, c’était sa fabrique ; il en apportait les soucis jusque chez sa femme, et comme il ne l’initiait pas à ses travaux, il en résultait entr’eux un silence pénible. Si Madame Vassier avait été moins jeune, peut-être eût-elle osé apprendre à son mari que les heures d’épanchement et de joie intérieure sont un doux repos des fatigues commerciales ; mais elle avait été blessée dès les commencements en voyant que son mari lui donnait si peu en échange de sa vie entière qu’elle lui avait vouée. Le moyen, d’ailleurs, de ne pas prendre cette tiédeur d’affection pour de l’indifférence, quand on est poursuivie par une passion roma-