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un peu épaisse, comme celle de toutes les Lyonnaises, empruntait à l’atmosphère pure du parc un rose et une transparence inaccoutumés. Elle avouait sans honte à sa tante que ses pieds dansaient sous sa robe au rhythme accéléré des chansons et du violon qu’un vieux canut râclait avec un entrain et un orgueil extrêmes.

Tout ce qui est cérémonie ou fête publique est sûr de plaire aux Allemands. Bien que l’esprit de caste existe encore chez eux, ils n’ont pas cette morgue qui nous éloigne des foules. C’est sans doute notre effréné désir d’égalité qui nous fait maintenir le rang que nous nous croyons dû avec une féroce vanité. Au contraire, l’absence acceptée d’égalité sociale fait que les Allemands ne craignent pas de compromettre leur dignité, que personne ne conteste, en coudoyant familièrement la foule à l’occasion.

Si Lina fut enchantée de ses promenades au parc, elle fut moins satisfaite de Bellecour. Montrant à sa nièce toute la ville de Lyon, Suzanne ne pouvait manquer de la conduire à la musique. Ces concerts en plein vent, donnés par les régiments en garnison, sont très-suivis, mais surtout par les oisifs et la bourgeoisie du quartier de Perrache. Il va sans dire que les personnes qui se piquent d’appartenir à la très-bonne com-