Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/71

Cette page n’a pas encore été corrigée

sont particuliers à la population lyonnaise et font tout à fait son éloge.

Voilà le vrai Lyonnais, le Lyonnais pur sang, alerte de corps, rond d’esprit, d’une gaieté aiguisée d’une pointe de malice, car ses jeux ne vont pas sans plaisanteries narquoises, et il ne faut pas oublier que Lyon est la patrie de Guignol, le type du bon sens bonhomme et gouailleur. Si les classes supérieures ont emprunté à Paris ses mœurs faciles, les classes ouvrières sont restées plus saines, sauvées de l’affaiblissement de la moralité par le travail et le respect de la famille. Enfin, un trait du caractère lyonnais, c’est que tous les canuts ont l’amour, et plus que l’amour, la passion de la nature, que le vrai Parisien ne connaît pas, et voilà pourquoi la saulaie du parc est leur salle de danse et pourquoi leurs plaisirs restent purs, parce qu’ils sont pris en masse et laissent les jeunes filles sous l’oeil des mères et les maris aux côtés de leurs femmes.

Suzanne était assez peu populaire de sa nature, non par dédain, mais par délicatesse d’instinct et d’éducation ; cependant la franche gaieté de ces fêtes d’ouvriers lui était agréable ; quant à Lina, elle admirait de bon coeur ces belles filles au teint mat, aux yeux cernés par la fatigue et le manque d’air des ateliers, dont la carnation