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dans la captivité séquestrée de nos habitations.

Si l’on quitte les serres, si on laisse toute cette région aristocratique et les allées que suivent les cavaliers et les équipages, on trouve sous la saulaie d’autres paysages et d’autres promeneurs. Là, le dimanche surtout, les canuts lyonnais (le terme est consacré) se réunissent par compagnies nombreuses. Là, on danse aux chansons, l’on s’ébat avec abandon et naïveté. Après les rudes travaux de la semaine, après les longues journées passées courbés en deux sur un métier, ces jeunes corps éprouvent un besoin de mouvement et d’agilité qui se traduit le dimanche en bonds, en courses folles, et enfin en danses champêtres. Les autres promeneurs évitent ce coin hanté par le populaire, mais Suzanne et Lina, qui le visitèrent plusieurs dimanches de suite, prirent plaisir à contempler les évolutions, les ronds, les entrechats, les saillies de ces braves gens. Ces bals improvisés, ces quadrilles aux chansons toujours embrouillés, mais aussi égayés par mille incidents, ces amusements publics, si pleins de laisser-aller qu’aucun de ceux qui y prennent part ne daigne remarquer qu’on les regarde et ne sacrifie une seule de ses gambades à la crainte d’être raillé par des personnes distinguées,