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prend là ce que vaut la reconnaissance, car ses provisions épuisées, le chevreau revient au pacage. Peut-être son bon sens d’animal lui dit il que le bienfait a été assez payé par les efforts tentés pour l’obtenir.

On se ferait une pauvre et fausse idée du parc de la Tête-d’Or si l’on y voyait une sorte de réduction du Jardin des Plantes de Paris. Ce dernier, établi sur un plan très-restreint, donne aux animaux un espace trop étroit ; ils souffrent visiblement dans leurs parcs ; leur aménagement manque d’ampleur et de luxe. Rien de semblable à la Tête-d’Or. Partout de vastes enclos, des eaux vives, de vraies prairies où les chevaux à l’élevage fournissent des courses désordonnées. Les poulains à tous poils hennissent en voyant passer des voitures ; ils regardent d’un œil large et rêveur les attelages dociles en paraissant se demander si ces êtres sont de la même race qu’eux et s’ils seront jamais, eux aussi, soumis à ces entraves. En attendant, ils se ruent dans l’herbe parfumée, ignorants du joug, le pied léger et sans fer, la bouche vierge du mors et la crinière au vent.

Voilà le troupeau des vaches suisses qui passe ! La première, fière de ses sonnettes, balance sa lourde tête brune et imprime à son collier un