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débat blessée au bord de leur étang. Des vols de ramiers tournoient et s’abattent, avec des roucoulements modulés en soupirs et de vifs bruits d’aile. Plus loin, les chèvres du Thibet s’accroupissent au seuil de leur étable rustique ; le petit chevreau accourt en bondissant à l’appel d’un enfant et fourre son nez rose jusque dans les poches du baby pour y chercher le morceau de pain que cet appel lui a promis. Déçu par la malice de l’espiègle, le chevreau se dresse sur ses pieds de derrière et, de sa tête encore sans armes, il essaye de frapper son mystificateur. L’enfant rit et flatte l’animal en tirant les touffes de laine frisée qui se dressent entre ses cornes naissantes. Alors se refusant à cette familiarité que le don attendu vainement ne justifie pas, le chevreau secoue ses oreilles, darde son regard jaune d’or en éclair obliques, et s’enfuit vers le râtelier chargé d’herbe fraiche et de foin ; mais si l’enfant croit à cette rupture et part en suivant la palissade, l’animal gourmand revient sur ses pas, l’agace de nouveau, le suit, quitte à se fâcher encore si l’autre recommence son jeu qui finit toujours à la satisfaction commune, car l’enfant, comme tous les êtres faibles, aime à se voir implorer, et il cède à cette instance et à son désir de se montrer généreux. Mais il ap-