qu’elle devait habiter. Elle la conduisait souvent dans ce beau parc de la Tête-d’Or auquel on ne peut reprocher que de manquer d’ombre. Il est vrai qu’il se corrige de ce défaut tous les ans et qu’il le rachète par sa variété d’aspects et la limpidité de ses eaux renouvelées par le Rhône, auprès desquelles le lac du bois de Boulogne n’est qu’un marais infect. Ce parc n’a pas la tristesse froide de notre bois inhabité ; ses prairies sont peuplées de cerfs et de chevreuils ; et les axis eux-mêmes, les plus sauvages de cette famille silvestre, se laissent approcher et permettent aux promeneurs de flatter leur pelage tacheté. Au pied des saules qui enchevêtrent leurs branches grises le long du ruisseau, barbottent des flottilles de canards de Chine, aux ailes peintes, glacées de bleu et de vert, aux yeux bordés de jaune et d’incarnat. Partout l’animation et la vie. Ici, les paons blancs ouvrent l’éventail neigeux de leurs plumes et se pavanent avec un aristocratique orgueil. Par émulation, les autres paons déploient leur arc-en-ciel fastueux qui s’étale au soleil avec la mouvante splendeur d’un jet de pierreries. Dans un enclos voisin, des hérons, moins dédaigneux que celui du bon La Fontaine, s’escriment à coups de leurs longs becs pour se disputer une tanche qui se
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