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(on joue gros jeu dans les cercles lyonnais et Christian était joueur), le jeune Polonais avait laissé les cartes et s’était installé pour fumer sur le balcon avec quelques amis. Le nom de Madame Brülher fut lancé par l’un d’eux à propos de nouveaux attelages. Elle s’était montrée la veille au parc de la Tête-d’Or dans une élégante calèche anglaise traînée par deux bais demi-sang assez beaux pour faire sensation à Lyon. Julien jeta son journal pour aller écouter ce qu’allait dire Christian Czreski, grand amateur de chevaux en sa qualité de Polonais et d’homme oisif. Mais Christian entama une critique dogmatique à propos du trot des deux bais, et il finit par un éloge bien senti des harnais britanniques sans rien ajouter sur Madame Brülher.

Par bonheur pour la curiosité de Julien Deval, Lyon possède des échantillons assez réussis de cette variété d’êtres frivoles et niais, pontifes baroques de la mode, auxquels on inflige à Paris un nom aussi juste que difficile à écrire. Il est dommage que cette appellation soit en même temps la mieux imagée et la moins délicate, car nulle autre ne pourrait exprimer aussi bien la sottise puérile, les façons déhanchées, l’époumonnement d’esprit et de corps d’une partie de la jeunesse française.