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depuis quelque temps, il est vrai, des assiduités du jeune Polonais auprès de Madame Vassier, mais un Lyonnais sait toujours sacrifier le goût le plus vif à une belle occasion de mariage, et par sa mère et ses façons de vivre, Christian Czreski était lyonnais.

Julien le rencontrait journellement, car ils étaient du même cercle, mais quelques années de différence entre eux ne leur avaient jamais permis d’intimité. Puis l’intimité suppose la confiance, l’abandon, et lorsqu’on est entrainé par le courant d’une vie affairée, on n’a pas le temps d’en rien distraire pour ces deux sentiments. On ne s’écoute ni penser ni sentir ; on va, on va, tout haletant, dans la fièvre de l’action, sans cette consolation de s’épancher dont on finit par méconnaître le besoin parce qu’on en ignore le bienfait. Le temps est de l’argent. Cet axiome anglais est en train de recevoir ses grandes lettres de naturalisation française, et pour s’épargner un verbiage inutile, on devient sec de cœur si on ne l’était déjà à l’avance.

Un soir que Julien Deval lisait les journaux dans un des salons du cercle, il fut assez heureux pour trouver, sans la chercher, une occasion de parler de Madame Brülher à Christian Czreski.

Lassé par une déveine persistante à l’écarté