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solitude du veuvage à vingt-huit ans, et l’on chercha tout d’abord quels partis en rapport d’âge et de fortune elle pourrait trouver. Julien Deval, encore célibataire à trente-deux ans après trois mariages manqués, calculait de son côté ses chances de succès auprès de Suzanne, et il écoutait, pour s’édifier, la kyrielle de veufs ou d’hommes à marier de son âge qu’on énumérait à ce propos. Mieux avisé que les indifférents, il se disait qu’aucun de ces prétendants ne pouvait lui être opposé et il n’en redoutait qu’un auquel personne ne songeait. C’était l’ami d’enfance de Suzanne, Christian Czreski.

Dans le temps où l’on accusait Madame Brülher de se venger de ses déceptions sentimentales en désespérant tous ses admirateurs par sa coquetterie, Julien ne s’était pas trompé, comme tout le monde, à cette tactique féminine ; il avait bien vu le cercle des soupirants éconduits, mais en dehors de ce cercle et sur un autre plan, un jeune homme que nul n’accusait de songer à mal, tant on était habitué à le voir familier chez Madame de Livaur et chez Madame Brülher, tant sa froideur proverbiale éloignait le soupçon. L’œil de Julien avait été plus clairvoyant et en reliant le faisceau de ses souvenirs, il craignait de trouver un rival dans Christian Czreski. On parlait