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insoumis au joug clérical est très-restreint. La plupart des Lyonnais ont l’esprit pratique, car ils sont les américains de la France, moins, bien entendu, la noble indépendance yankee, tous marchands par instinct, même ceux qui exercent des professions libérales.

Julien Deval avait le génie positif de ses compatriotes. En faisant son droit à Paris, des bouffées d’air libre et de doute avaient bien traversé sa cervelle ; mais au retour, les brouillards du Rhône les avaient obscurcies et éteintes. S’il n’avait plus la même solide foi puisée dans sa famille et fortifiée par son éducation aux Chartreux, il en avait repris les apparences en se faisant inscrire au barreau Lyonnais. C’était le seul moyen de parvenir !

De cette différence très commune à Lyon, des idées personnelles et de la conduite officielle, on pourrait conclure que cette ville est peuplée d’hypocrite. Ce serait exagérer. L’hypocrisie implique une négation intime des convictions qu’on étale en public et tous les jeunes gens affamés de succès, une fois lancés sur la route de la fortune, se paient de sophismes et s’aveuglent eux-mêmes tous les premiers. Rien de plus rare parmi eux qu’un homme ayant un système philosophique bien net ; tout nage dans un vague