Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/55

Cette page n’a pas encore été corrigée

quel on poursuit la fortune. À Paris, avec de l’esprit, du savoir-faire et de la hardiesse, on parvient à acquérir de la notoriété, et partant, une position. Les conditions sont autres à Lyon ; c’est de la religion et un certain sérieux, mi-pédant, mi-modeste qu’il faut afficher.

Dire qu’il faut afficher ses convictions et sa morgue, n’est pas exagéré ; car à Lyon, l’on arbore ses convictions réelles ou d’emprunt comme une enseigne et c’est de toutes la meilleure. La médiocrité habile à l’adopter est certaine de l’emporter sur le plus réel talent. Tout Lyonnais, d’esprit impartial, pourrait citer la liste des hommes remarquables restés au second plan pour n’avoir pas voulu sacrifier leur indépendance d’opinions philosophiques. Les exemples se pressent dans la mémoire ; il est fâcheux qu’on ne puisse les citer. Les rares talents qui ont percé malgré leur irréligion, sont relgués à part, ne participent guère à la vie commune, et je ne sais si comme à des lépreux, on ne leur refuserait pas le pain et l’eau. Il est à déplorer qu’ils aient dépensé leur énergie dans une lutte si ingrate, car la somme d’efforts que leur coûte leur demi-succès leur aurait donné une complète réussite dans un milieu moins hostile. Ajoutons que le nombre de ces hommes