Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Vous ne me comprenez pas. M. Deval parle mal de musique, parce que c’est un sujet auquel il n’entend rien ; mais ceci à part, il est bien élevé et fort agréable.

— Ah ! tu trouves ? dit Suzanne avec une nonchalance dédaigneuse et en regardant sa nièce sans aucune préméditation de curiosité ; mais ce regard eut un effet inattendu sur la jeune fille qui rougit de cette belle rougeur que fait monter aux joues la flamme inquiète et pudique de l’adolescence. Suzanne fut alarmée de ce symptôme d’émotion, et elle se promit de ne pas laisser Lina s’appesantir sur les souvenirs de la soirée de la veille ; elle se proposa de la distraire, de l’occuper par des visites et des excursions afin de renouveler et de changer ses idées. Suzanne connaissait la nature positive et indécise à la fois de Julien Deval ; elle savait par quel système de froid calcul il édifiait sa renommée et sa fortune et elle ne voulait pas, tout sentiment personnel à part, que l’esprit poétique et ingénu de Lina vînt se briser contre cette prose ingrate et sèche.

Julien Deval était un de ces hommes qui peuvent se promettre sans fatuité un grand succès dans l’agglomération lyonnaise. Les éléments de réussite changeant selon le milieu dans le-