Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

garde de renouveler les exploits de don Quichotte et de t’attaquer à d’inoffensifs moulins à vent.

— Depuis six mois que je vis près de vous, Suzanne, vous m’avez habituée, par nos luttes amicales, à ces finesses de langage que vous invoquez à tort en faveur de gens qui ne les pratiquent guère. Si je suis triste depuis hier. c’est que j’ai le devoir pénible de vous mettre en garde contre des ennemis dont vous ne vous défiez pas ; c’est sans aucun ménagement, sans aucun artifice oratoire que Madame de Craye parle de ce qu’elle nomme votre légèreté passée ; à moins que vous ne preniez pour une atténuation ce que je prends pour une aggravation, c’est-à-dire les soupirs et les regards blancs vers le ciel de Madame Demaux, que vous appeliez hier la couleuvre et qui est plutôt de la famille des vipères. Celle-là souhaite que vous ayez gagné en Allemagne des idées plus rassises, plus saines, tout en ajoutant qu’elle regrette que votre toilette, trop jeune pour votre âge, n’annonce pas une conversion solide.

— Enfant, ceci n’a pas l’importance que tu lui donnes. Madame de Craye ne peut pardonner ses cinquante ans à mes vingt-huit ans, et Madame Demaux, vouée aux couleurs sombres par la disgrâce de son teint enflammé, devait être