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des plantes grimpantes ; dans les moindres cavités, des verveines rouges et roses, des géraniums dressaient leurs touffes odorantes ; devant sa voûte, une petite pièce d’eau étalait sa nappe bleue à la surface de laquelle s’épanouissaient des lis et des nymphéas jaunes entourés de la collerette verte de leurs larges feuilles. De là, on n’apercevait plus la ville gisante au bas du côteau, car un rideau d’arbustes en masquait la vue. C’était afin de laisser à ce retiro toute sa sauvagerie cherchée qu’on lui avait donné pour seul horizon la vaste plaine du Dauphiné, les lointaines collines à l’est, et à l’ouest la vague silhouette du Mont-Blanc.

Là, par un effort d’imagination, en fermant l’oreille à ce bourdonnement confus qui monte de Lyon jusqu’aux hauteurs de Sainte-Foy, on pouvait se croire dans une solitude, loin des tourments, des convoitises, des commérages de la ville ; mais ce jour-là, ces petites misères, ces commérages vinrent y trouver Suzanne dès qu’elle eût délié la langue de Lina et qu’elle l’eût amenée, par de subtils détours, à lui faire des confidences.

« Suzanne, dit la jeune fille, vous aviez bien raison hier de me mettre en garde contre tout ce monde ; vous aviez plus raison que vous ne