Page:Blandy - Revanche de femme 1869.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

point ; tourmentée, plaisantée au sujet de son attitude extraordinaire, elle prit un tel air d’embarras, de mystère et de contrariété, que Madame Brülher se promit d’avoir le mot de cette énigme ; mais comme elle savait que la jeune fille se livrait peu devant Madame de Livaur, dont l’âge et le bon sens positif lui imposaient, elle proposa à sa nièce une promenade après le déjeuner. Toutes les deux prirent leurs chapeaux de paille et firent quelques tours de jardin en silence. Enfin Suzanne demanda à Lina ses impressions de la soirée de la veille ; Lina répondit à peine, entrecoupant ses phrases de courses autour des corbeilles de fleurs pour couper avec un sécateur des roses flétries sur leurs tiges, pour redresser le tuteur d’une fuchsia qui entraînait au niveau de la pelouse sa gerbe de clochettes pourprées, pour ramasser une orange sur le sable de l’allée. Suzanne ne voulait pas forcer les confidences de la jeune fille ; mais elle était femme, c’est-à-dire curieuse ; aussi dit-elle bientôt que le soleil la fatiguait et elle entraina sa nièce vers la grotte.

Cette grotte ménagée au-dessous des serres et faite de roches artificielles, était un charmant spécimen de ce que l’architecture de jardin sait créer ; de ses parois fendillées tombaient.