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posa un peu de musique. Cette offre fut accueillie avec plaisir, car Lyon tout entier est mélomane : ceci dit à la louange d’une ville qui se délasse de ses préoccupations industrielles et commerciales d’une manière artistique.

M. Chainay fut mis en réquisition ; mais il se récusa et prétendit qu’il appartenait à la maîtresse du logis d’ouvrir le concert. Madame Brülher se souciant peu de faire de la musique devant tant de monde et la première, appela Lina et lui passa ses droits et ses devoirs.

Lina ne se fit pas prier ; jouer du piano est pour une Allemande une chose aussi simple que ; pour nos jeunes filles, faire de la tapisserie : elle ignorait les mines boudeuses ou résignées que se permettent les Françaises forcées d’exhiber leur petit talent, et elle alla droit à la bibliothèque du piano pour y choisir un cahier.

M. Chainay aurait désiré lui donner quelques conseils ; mais il ne savait pas l’allemand et n’osait pas appeler à son secours Madame Brülher qui était assise entre Madame Demaux et Madame de Craye ; aussi il saisit au passage Julien Deval qui rentrait pour déjouer la tactique savante par laquelle Suzanne s’était dérobée à son observation en tournant le dos à la fenêtre après avoir décidé le programme du concert. M. Chainay