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bras appendus à chaque panneau jetait des lueurs sur les chevelures parfumées, glaçait de bleu les tresses brunes et d’or mat les boucles blondes ; mais l’œil du jeune homme ne faisait que glisser sur la belle Paule Vassier qui seule, avec Madame Brülher et Lina, pouvait revendiquer la royauté de cette petite fête, de part le droit de son élégance et de sa grâce ; il s’arrêtait encore moins sur les quelques jeunes filles qui s’abritaient timidement tout près du giron maternel. L’attention de Julien Deval était partagée entre Suzanne et sa nièce.

Il les comparaît, hésitant entre le charme du souvenir et celui de l’inconnu. Suzanne lui apportait des émotions nouvelles, d’autant plus séduisantes qu’elles faisaient revivre son passé et la période la plus poétique de sa vie : si quelque chose avait gâté et troublé autrefois ce sentiment, il ne s’en souvenait plus en la retrouvant si belle et surtout si imposante. Il y a dans le calme d’une femme qui a aimé et qui semble avoir oublié son amour, quelque chose de fascinant comme le calme d’un abime. Cette sérénité qu’on voudrait croire menteuse brave la curiosité et l’excite d’autant ; on s’en irrite, et l’on éprouve l’irrésistible désir de sonder ce mystère. Mais à quoi bon cette poursuite sujette à déboires et