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lut avoir part à cette aimable bienvenue et Suzanne fut assaillie de tant de félicitations, et de si vives, qu’elle en fut embarrassée malgré sa grande habitude du monde, et qu’elle se hâta de les éluder en donnant le signal de quitter la table. Après le café, les joueurs de whist s’établirent aux tables de jeu ; quelques jeunes gens s’esquivèrent au jardin pour jouir d’une promenade au clair de lune après deux heures passées dans l’atmosphère chaude de la salle à manger ou pour fumer un cigare, et les femmes causèrent.

Le désordre d’un salon dans les premiers moments d’une soirée presque intime présente un spectacle harmonieux ; Julien Deval qui était sorti avec les autres jeunes gens, mais qui ne fumait pas, avait laissé ses amis s’enfoncer dans les bosquets et les allées, et il était revenu près d’une fenêtre dont le store n’était qu’à demi-baissé. Dissimulé par un chèvre feuille d’automne qui déployait son voile flottant et fleuri devant la baie de la fenêtre, il regardait les charmants tableaux que lui offraient, sans le savoir, les femmes groupées sur les divans du salon ; les boiseries grises rechampies d’or formaient un fond doux qui faisait saillir sans les heurter toutes les toilettes ; la clarté des lustres et des