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en temps et dominèrent le murmure des à-parté. Au dessert, le brouhaha fut à la fois confus et assourdissant, et il fallut, pour l’interrompre, une proposition solennelle de M. Chainay.

Galant à l’ancienne manière française, c’est-à-dire ayant conservé la tradition de cette amabilité chevaleresque si fort passée de mode, M. Chainay invita tout le monde à porter un toast à l’heureux retour de Madame Brülher et pour le célébrer le premier, il adressa à la jeune femme un petit discours dont la cordiale bonhomie, relevée d’une pointe de préciosité, appela les applaudissements de l’assemblée. Suzanne accueillit avec émotion ces témoignages de sympathie ; elle avait d’ailleurs une fort ancienne amitié pour le vieux M. Chainay dont elle appréciait le talent musical et la galanterie respectueuse. Les hommes ne savent pas tout ce qu’ils perdent à affecter avec les femmes un ton cavalier et des façons trop hardiment britanniques ; preuve que ce laisser-aller leur est tout à fait désagréable, c’est qu’un homme, quelque vieux et laid qu’il soit, est certain d’obtenir d’elles une attention gracieuse lorsqu’il ne sacrifie pas au mauvais goût régnant.

La motion de M. Chainay eut pour effet de rompre les conversations particulières ; chacun vou-